Les anciens du village se demandant souvent ce qui peut pousser un couple, disons de Parisiens à acheter une maison et commencer des travaux qui paraissent parfois pharaoniques.

Je peux juste témoigner de mon cas personnel.

Nous avons beaucoup voyagé et c’est par hasard, alors que nous louions un gite dans la région, que nous avons poussé la porte de l’agence du Périgord pour visiter une maison ancienne en centre ville, avec un jardin de curé. Par curiosité en fait.

C’était l’été 2005, il faisait spécialement chaud.

Les maisons, ça ne s’explique pas : on a le coup de cœur ou rien.

Mais pourquoi à Saint-Cyprien précisément ? Parce que nous avons été frappé par la gentillesse de l’accueil des commerçants au marché ou ailleurs. Cette gentillesse nous a paru d’autant plus remarquable que les touristes étaient nombreux et je remarque qu’à Paris ils ne sont pas traités avec la même douceur. À croire qu’ils nous cassent les pieds à prétendre découvrir ce qui reste malgré tout la plus belle ville du monde.

Bref, on a aimé le jardin caché derrière la maison. Sa fraicheur surprenante. On s’est regardé et on s’est dit « Pourquoi pas là ?» Il fallait qu’un certain nombre de critères soient remplis comme une gare, des commerces, des services publics à peu près en état de marche. Comme on aime bien manger on a fait le tour des restos. C’est important de savoir qu’on peut déjeuner partout pour pas cher. Sans parler des marchés gourmands du jeudi soir dont l’ambiance bon enfant nous a conquis. Personne ne résiste au "Commerce" entendez par là le marché dominical qui a lieu depuis des temps immémoriaux, au départ sous la halle qui abrite aujourd’hui la bibliothèque.

L’extraordinaire succès estival de ce marché aujourd’hui témoigne de la vitalité du village. Ça déborde de partout. Depuis belle lurette, Les nombreux commerçants ont quitté la halle primitive pour envahir toute la traverse et au delà ; On y parle de moins en moins le patois, l’oreille s’habitue l’été à l’anglais — au néerlandais avec un peu plus de mal— En effet, nombreux sont les touristes qui se baladent le dimanche matin, profitant de cette attraction gratuite qui agrémente leur séjour et pour certains justifierait à elle seule le voyage depuis le nord de l’Europe. Les Français aiment le bien-manger et les étals sont magnifiques. C’est d’ailleurs intéressant d’y suivre le cours des saisons, les pruneaux mi-cuits de l’automne, les buches de Lucco et le pain de Pâques, les somptueuses asperges blanches du printemps, la bière artisanale à la châtaigne, les fraises surtout, tellement goûteuses que l’acheteur ne se risque plus à en acheter de retour à Paris ou ailleurs. Quand on n’a pour seul ennemi que la balance de la salle de bains, les récriminations se terminent souvent par « Bah Au final, on n’est pas si malheureux » qui résume bien l’état d’esprit du Périgourdin moyen, Français au carré, rapport au 45ème parallèle qui coupe la France et l’Europe en 2 et passe en Dordogne. Le juste milieu.

J’avoue qu’on pensait aussi rayonner dans d’autres régions comme le Limousin, l’Auvergne, le Bordelais. La vérité oblige à dire que 10 ans après nous sommes devenus pantouflards et que les visites se limitent à un rayon de 20 kms autour de notre clocher d’adoption. Ça nous permet de prendre juste assez de recul pour constater combien ce village est beau quelle que soit la route choisie pour l’aborder. Elles sont particulièrement nombreuses à Saint-Cyprien ce qui en fait un vrai carrefour et la porte de la vallée de la Dordogne.